N° 106 de Alain COMBES Vendredi 24 Septembre 2010
SUJET : Surnoms en Cévennes Bonjour
Suite à la trés intéressante question sur les Surnoms, je voudrais vous expliquer le pourquoi de ces surnoms:
Quand vers l\'an 1100 le système actuel de noms avec prénom chrétien, les parents prirent l\'habitude de caser leur propre prénoms à leur fils ou fille aînés, et les enfants suivant écopèrent du prénom des grands parents ou des oncles et les tantes; Avec un but évident que comme ils n\'auraient pas pratiquement pas droit à l\'héritage paternel, ils glaneraient de ci de là un peu de monnaie en provenance du pépé ou du tonton. Et pourtant il était encore loin le temps des..... tontons d\'Amérique.
Aussi ce système fut vite saturé , beaucoup de cousins même éloignés étaient doté du même nom et prénom, personne ne savait plus qui était qui , Alors les surnoms, ici l\'on dit les sobriquet arrivèrent à la rescousse.
Il y avait les surnoms en rapport avec un toponyme ex:Nogarède dit \" la Baume\"
Ceux issu d\'un patronyme ex: Combes dit \"Bragouze\"
Ceux issue d\'une profession ex: Martin dit \" Teissier\" autre Martin dit \"Teulaire\"
Ceux occitan vraiment intraduisibles en français ex : Martin dit \"Bistansson\" Teissonnière dit \"Candale\"
Et enfin les surnoms moqueurs ( ils n\'étaient pas à l\'époque les plus nombreux) ainsi Martin dit \"Fidèle\" un sacré coureur de jupon, ou Doulcet dit \" Mignon\" qui avait un visage plutôt ingrat!
Certains de ces prénoms sont encore de nos Jours en usage, car bien sûr le fils héritait entre chose du surnom de son père, ainsi Nogarède dit \"La Baume\" à Arphy et Combernoux dit \" le Perdigal\" à Aumessas
je vous parlerai ensuite des surnoms du 19° et 20° siècle;
Alain
COMMENTAIRE de Alain Combes
Vendredi 24 Septembre 2010
Suite : Les Surnoms plus récents
Au début du 19° et jusqu\'au milieu du 20° siècle les surnoms en Cévennes connurent une période faste : Dans chaque village absolument tous les habitants portaient chacun comme une étiquette leur surnom personnel; Et comme certains plutôt d\'un gout douteux , ne volaient pas trop haut, et comme l\'on dit bien en dessous de la ceinture.
Ainsi à Molières, une personne à qui l\'on avait mis, devant son jardin qui lui servait de coin d\'aisance, une superbe statue de la vierge, fut vite surnommée \"Cul béni\".
Et même certains étaient même méchant, ainsi une femme qui était née boiteuse était nommée \"la Canarde\". Il faut dire donc , que là pratiquement tous ces surnoms étaient du genre moqueur.
Ils étaient aussi tellement exclusifs que certains ne connaissaient pas ni le prénom, ni le nom de leur voisin, ils connaissaient par contre parfaitement .... leur sobriquet.
Je posséde une photo de mariage entre gens du village d\'Arphy et je peux citer le surnom de tous. il l\'y avait là :
POUTEQUE, RABISSE, NICOULE,PETARD,BOUREILLE,CHAPEAU, CAGAVER,SACHIPA,MIGNON et son père CHAPEAU, le CONTINENT et sa moitiée la CONTINENTE,le TONKIN, RABISSE et sa RABISSOUNE, LAURETTE et son fils LAURETTOU,BOUREILLE,la belle TITITI et son frère la MERLUSSE,SAUSSISSOT sans oublier le RABINAT. voilà une belle brochette et encore j\'en passe.
Bref certains furent bien soulagés, quand vers les années 70 devant l\'arrivée en masse des \"ESTRANGERS\" les Cévenols autochtones pour montrer entre eux leur solidarité et leur fraternité finrent des\'appeler rien que par leur prènom!
Et je pense moi aussi, malgré le certain cachet pittoresque de ces surnoms il en est est mieux ainsi!
COMMENTAIRE de Elsie ZASTRIZNY
Dimanche 26 Septembre 2010
Ce commentaire est très intéressant et vivant. J\'avais remarqué que dans les familles cévenoles les même noms et prénoms revenaient constamment mais je n\'avais pas pensé que cela pouvait être pour des questions d\'héritage.
Dans la famille Chanson c\'est très vrai en tout cas et dans la même génération plusieurs personnes portent le même nom et le même prénom. Le prénom de Pierre en particulier est très fréquent, sans doute le \"patriarche\" de la famille. Celui de Louis revient aussi très souvent par référence, je pense, au galérien. Mon grand père s\'appelait Albert Louis en souvenir de ce martyr de la foi.
Pour les Vallerauguois: mon papa qui est né à Fenouillet dans la commune de Valleraugue se souvient qu\'il y avait à Valleraugue quand il était petit un homme que l\'on appelait \"lou tchi\" (le chien, je ne suis pas sûre de l\'orthographe) et un autre \"lou pendulaïre\".
Cette pratique des surnoms perdure quand même un peu en Cévennes. Dans l\'entreprise alésienne où je travaille les surnoms sont encore nombreux. Il y a \"la bélugue\" (c\'est l\'électricien), \"la daille\", \"ventrêche\", \"grille pain\", \"roule à gauche\", \"béni oui oui\", \"le rabin\" etc.... chaque surnom faisant allusion à une anecdote, à un comportement ou à une particularité physique.
La généalogie n\'est-elle pas passionnante? elle permet de découvrir beaucoup plus qu\'une simple liste de dates de naissance, de mariage ou de décès.
Cordialement
Elsie ZASTRIZNY
COMMENTAIRE de Pascal PAUTET
Lundi 27 Septembre 2010
Bonsoir
quel lien faites-vous entre les prénoms et l\'héritage ?
les parents ne transmettaient-ils pas leur héritage à leurs enfants (sauf contrat notarié) ?
Auguste, fils de Léon, petit-fils de Auguste héritait-il de son grand-père ?
et son frère Jean n\'avait rien ?
j\'ai du mal comprendre ...non ?
COMMENTAIRE de Alain COMBES
Mercredi 29 Septembre 2010
Bonjour
Ce n\'était qu\'une boutade, l\'enfant si vous préfèrez \"recoltait\" le prénom de son père.
Pour les héritages sous l\'ancien régime c\'était le droit d\'ainesse qui prévalait. l\' aîné (en principe car il y eut des dérogations à la règle) conservait la maison ou l\'exploitation famillale s\'il y en avait une. Les filles touchait chacune une dot, et les garçons \"puinés\" comme on disait alors se contentaient des restes; En général on tachait de leur apprendre un mêtier. s\'ils n\'avaient rien ils partaient à l\'armée, faire leur tour de Françe ou se faire embaucher comme saisonniers.
le droit des aînés n\'étaient pas sans contreparties , il fallait que le couple héritier s\'occupe du survivant des testateurs \" buvant le même vin et mangeant le même pain\" Quelle belle fille de nos jours supporterait tous les jours le beau père ou la belle mère
Cette question m\'a permis de répondre à des choses qui bien souvent à l\'époque étaient bien différentes par rapport à la vie que nous menons actuellement;
COMMENTAIRE de Pascal PAUTET
Jeudi 30 Septembre 2010
me voici \"rassuré\" !!
dans la lignée du sujet \"héritage\", comment faut-il interpréter les contrats de mariage passés par des \"promis\" aux 18 eme et 19 eme siècles ?
puisqu\'il y avait une règle/tradition (cf ci-dessus), pourquoi certains promis passaient-ils devant notaire ?
pour apporter une entorse à la règle ?
je n\'ai récupéré qu\'un seul contrat de mariage de ma généalogie (hautes alpes) où je vois qu\'un aïeul a protégé sa descendance car un de ses fils s\'est remarié (il a évité que son lopin de terre passe dans la famille de la promise du 2eme mariage)
avez-vous des explications sur les raisons de ces contrats ?